Ayant regardé dernièrement divers reportages et vidéos, je ne peux m’empêcher d’être interpellée (énervée ?) par les multiples débats suscités par le terme d' »éthologie ». Alors que certains l’accolent sans frémir aux mots « équitation », « matériel » ou « philosophie », d’autres montent au créneau en brandissant la définition première… qu’ils ne maîtrisent que rarement.

 

L’éthologie désigne l’étude des mœurs. Point. Bien que l’idée de base soit d’observer l’animal dans son milieu naturel, cela n’est pas une nécessité : un éthologue peut mener ses études dans une écurie sur des chevaux domestiqués ou dans un laboratoire sur des rongeurs en cage. Il peut passer des heures à noter des comportements sous la pluie, armée de ses jumelles et de son dictaphone, mais aussi proposer des tests d’apprentissage dans un manège avant d’analyser le cortisol salivaire.

 

L’équitation dite « éthologique » est censée se baser sur les résultats de ces études pour améliorer la technique et la complicité du couple homme-cheval. Bien que le terme soit très discutable, il est entré dans le langage commun et, en tant que tel, charrie son lot de dérives… Il n’est pas nécessaire d’être spécialisé dans le budget-temps du mustang du Nevada pour observer le comportement du cheval au box et en tirer des conclusions. Mais il est important de se former et de profiter des articles qui sont régulièrement publiés pour améliorer son esprit critique.

 

Ce qui m’amène au deuxième point de mon agacement. Je lis de plus en plus souvent des tirades excédées contre ces scientifiques qui, je cite, « ont besoin de plusieurs années pour prouver ce que tout le monde sait » et « ne sont pas au contact de l’animal » et donc, si je comprends bien, ne disent que de la m****. Je trouve ces commentaires incroyablement déplacés et méprisants. Evidemment, les éthologues ne passent pas leurs journées à cheval dans la campagne. Bien sûr, ils n’ont pas (tous) notre ressenti de cavaliers, notre intuition face aux animaux que nous côtoyons au quotidien. Mais peut-être est-ce justement ce qui rend les études si intéressantes…

 

Corrélation entre le physique et le bien-être du cheval, influence du renforcement positif ou capacités cognitives : les sujets sont légion et demandent des années de travail. Souvent, ils nous confortent dans nos idées et bénéficient de dizaines de partages sur les réseaux sociaux. D’autres fois, ils ne nous arrangent pas du tout et suscitent bien des discussions (dois-je évoquer les études sur le jeu ou l’impact du box ?). Il arrive que de nouvelles études viennent en contredire d’anciennes, que la population étudiée ne corresponde pas à celle que vous observez, que le protocole ne vous semble pas logique : et alors ? cela signifie-t-il forcément que le scientifique était un imbécile

 

Respectez vos chevaux, aimez les aussi. Mais prenez également le temps d’apprendre ce qu’ils sont, de remettre en question ce que vous pensiez acquis et de garder l’esprit ouvert…

 

Marie Sutter

Fondatrice et CEO d’AnimHo

Texte publié pour la première fois en 2015