La première fois, on se met souvent en selle un peu par hasard et sans trop savoir où cela nous mènera. Juché tant bien que mal sur la monture expérimentée d’un proche ou les pieds bien enfoncés dans les étriers d’un poney de club, on subit les premières secousses et les premières montées d’adrénaline, oscillant entre excitation et angoisse au gré des encouragements de notre tuteur du jour. Si, par quelque tour de main du destin, la magie opère et que l’on décide de réitérer l’expérience, il se peut que l’on se retrouve, quelques années plus tard, à sacrifier ses week-ends les pieds dans la boue et ses soirées le nez dans des magazines spécialisés. D’activité hebdomadaire, la visite aux écuries devient un besoin quotidien et presque vital. On pense équitation, on vit équitation, on respire équitation, persuadé que cela ne changera jamais…

Toute ma vie d’adulte* a été consacrée aux chevaux. Apprendre, comprendre, hésiter, tenter, tomber, réessayer… J’ai investi mon temps et mon argent dans des milliers d’heures de stages, de formations, de déplacements avec mes partenaires équins. J’ai sué, pleuré et ri aux éclats à leurs côtés, sur des pistes équestres qui me faisaient rêver, sur des plages magnifiques ou dans un coin de pré. J’ai aimé progresser, enseigner et tout remettre en question, encore et toujours. Mais aujourd’hui, malgré tous ces souvenirs et alors que la vie m’éloigne depuis quelques temps du terrain équestre, je me rends compte que cela ne me manque pas autant que je l’aurais imaginé… Des années à tenter de « monter mieux » pour finalement réaliser que j’ai surtout envie de les « aimer mieux », même si cela devait signifier de ne plus me mettre en selle…

Marie Sutter

Fondatrice et CEO d’AnimHo

Texte publié pour la première fois en 2017

* jusqu’en 2016, ayant ensuite étendu mon activité aux autres espèces animales…