« Les chevaux ne sont vraiment pas tendres entre eux, il ne va pas en mourir s’il prend un coup de cravache ! »

« S’il cabre/rue/te menace, file-lui une claque ! Quand on voit les coups qu’ils se donnent, il s’en remettra ! »

« Mets plus de jambes, il faut qu’il te sente et qu’il arrête son cinéma ! ».

… Sérieusement ?! A vous, qui justifiez vos « claques » et vos « coups » par des arguments pourtant aisément démontables : vous y croyez ? Ou vous cherchez juste à vous donner bonne conscience ?

Dans tous les cas, je vous propose un petit exercice : l’observation. Mais pas de triche : observez des chevaux vivant dans des conditions correctes, en troupeau stable nourri à l’herbe et dans un espace « suffisant » (non, pas besoin de vous embarquer pour le Nevada…). Les mains dans des poches préalablement vidées de toute friandise appétente et l’esprit détendu, placez-vous en périphérie du groupe et attendez. Et attendez encore. Regardez-les, sentez leur rythme (si différent du nôtre, n’est-ce pas ?), acceptez leur calme. Au bout de quelques heures (et oui, c’est ça aussi l’éthologie…), faites le compte : vous aurez peut-être entendu quelques couinements, vu quelques pieds heurter le sol ou quelques têtes se secouer, les oreilles en arrière. Mais il est peu probable (si, je le répète, les chevaux vivent dans de bonnes conditions…) que vous ayez beaucoup de morsures ou de ruades à dénombrer…

Et puis interrogez-vous : dans quelle situation avez-vous observé des chevaux « violents » ? Quand avez-vous vraiment été témoin d’attaques sérieuses ? Oui, moi aussi, j’ai soigné des plaies profondes, été témoin de coups de pieds brutaux et de combats difficiles à calmer… A chaque fois, il s’agissait de chevaux vivant en box ou dans un pré non-adapté, nourris aux céréales ou manquant de fibres. De chevaux que l’on obligeait à se frôler sans présentation dans des espaces exigus, en carrière ou dans un couloir d’écurie. De chevaux subissant les assauts d’un cavalier aux aides insupportables et aux demandes incompréhensibles. De chevaux souffrant de douleurs non-décelées, physiques ou mentales. De chevaux devant gérer des changements incessants de lieu de vie ou de congénères.

Non, les chevaux ne sont pas violents entre eux. Ils se touchent même fort peu en réalité (et non, le fameux allogrooming ne compose pas la majorité de leur journée…) bien que leur sensibilité tactile soit très développée. Alors si votre cheval mord, rue ou vous menace… par pitié, pour eux… posez-vous les bonnes questions…

 

Marie Sutter

Fondatrice et CEO d’AnimHo

Texte publié pour la première fois en 2015