Introduction
Conclusion

Chapitre 5 – Exercices statiques et au pas en extérieur

1. Pourquoi travailler en extérieur ?

Jeunes individus ou montures avancées, habitués au sable des carrières ou à l’herbe de leur pré, tous les chevaux bénéficient de sorties en extérieur.

Tout d’abord parce qu’il est nécessaire de les habituer progressivement à quitter leur domaine vital : même si votre objectif n’est pas de randonner des semaines d’affilée, vous pouvez être amené.e à devoir le déplacer (ne serait-ce que pour des raisons vétérinaires) ou à déménager. Et puis parce que plus votre cheval sera habitué à changer d’environnement, plus il sera capable de s’adapter à ces chamboulements.

Rappelez-vous : le cheval apprend à apprendre (Module 1) !

Tant que vous respectez ses capacités, sa sensibilité et que vous ne vous mettez pas dans une situation que vous ne sauriez pas gérer, proposer des sorties en extérieur à votre cheval lui permettra d’exercer son adaptabilité et de prendre de l’assurance.

 

L’avantage de sortir en extérieur avec un cheval en longe est triple :

  • Vous pouvez emmener un cheval de tout âge, qu’il soit débourré ou non, à la retraite ou pleinement actif.
  • Vous représentez un point de repère plus visuel pour votre cheval. Il faudra peu à peu lui apprendre à tolérer que vous soyez moins visible (par exemple, en travaillant aux longues rênes ou sous la selle) mais marcher à ses côtés peut aider votre cheval à prendre confiance en lui.
  • Vous exercez votre œil et apprenez à voir votre cheval autrement, à observer l’environnement à sa hauteur et à constater ses réactions dans leur globalité. Bien sûr, vous n’avez pas les capacités sensorielles d’un cheval (Module 3). Mais en évoluant au sol, vous êtes plus proche de lui et vous pouvez observer les différents éléments de sa posture (tension musculaire, queue qui fouaille, hauteur d’encolure…) différemment.

 

2. Checklist avant de sortir

Nous l’avons vu, partir se promener en extérieur signifie s’éloigner du domaine vital, et potentiellement de ses congénères si vous sortez seuls. Pour que l’expérience se passe bien, que votre cheval ne se sente pas débordé émotionnellement et que les prochaines balades permettent de constater une progression, il convient donc de suivre une progression logique et de rester à l’écoute de votre compagnon équin.

  • Distance progressive : faites demi-tour avant que votre cheval ne semble mal à l’aise. S’il trottine en longe, vous bouscule ou transpire abondamment, vous êtes allé.e trop loin pour lui, ce jour-là. Son état émotionnel change d’un jour à l’autre et peut être influencé par énormément de facteurs : mieux vaut renoncer à une sortie longue que de vous retrouver dans une situation conflictuelle que vous ne saurez pas gérer, à 3 kilomètres des écuries. Relisez les 10 Grands Principes présentés au chapitre 2 du présent Module : il est important de se mettre en situation de réussite et de respecter ses besoins et sa sensibilité individuelle. Même si cela signifie passer plusieurs semaines à ne pas vous éloigner de plus de 100 mètres de son troupeau… Un jour, il aura suffisamment confiance en lui et vous pourrez franchir cette étape.
  • Respect de votre niveau et de vos acquis : il est peu probable que les problèmes que vous rencontrez en carrière se résolvent en extérieur… Soyez honnête envers vous-même et ne prenez pas de risques pouvant entacher votre relation sur le long terme. Par exemple, si vous avez des difficultés à obtenir un arrêt de plus de 5 secondes en carrière parce que votre cheval se distrait, piétine, cherche ses congénères… ne demandez pas d’arrêt en extérieur ! Bien sûr, dans ces conditions, ne partez pas longtemps et contentez-vous d’un bref aller-retour qui vous fera gagner en expérience et en autonomie. Notez cette difficulté, engagez-vous à améliorer ce point dans une situation que vous maîtrisez et évitez de vous créer des difficultés loin de l’écurie.
  • Difficulté adaptée : selon vos points forts et vos faiblesses, adaptez vos demandes et vos objectifs. Vous pouvez tout à fait vous faire accompagner par d’autres binômes chevaux-cavaliers dans un premier temps, vous contenter de faire le tour de son pré, demander à un autre humain de vous suivre ou de vous précéder. L’important est de vous sentir suffisamment compétent.e pour gérer les difficultés qui pourraient se présenter.
Les indispensables avant de sortir :
– Votre cheval vous laisse l’approcher, le caresser et lui mettre un licol.
– Vous pouvez obtenir qu’il marche à vos côtés, s’arrête et redémarre à votre demande.
– Vous savez reconnaître les indicateurs de stress et les indicateurs de décontraction.
– Vous vous sentez à l’aise, n’avez pas l’impression qu’il vous bouscule ou vous ignore.

3. Applications pratiques

La difficulté principale rencontrée par de nombreux cavaliers qui sortent en extérieur avec leur cheval au sol est de devenir plus important qu’une motivation intrinsèque bien connue : la tentation de l’herbe ! Une autre motivation peut venir défier votre présence : l’envie de retourner voir ses congénères…

Ces deux sources de distraction prennent leurs racines au même endroit : le manque de communication. Si votre connexion est coupée, si votre présence n’est pas claire et rassurante, si vos demandes le mettent en difficulté ou ne le motivent pas, votre cheval va se distraire. En fonction de son tempérament et de son état émotionnel, il cherchera alors soit à reprendre son activité principale : manger (surtout si son hébergement ne lui permet pas de brouter 15 à 16h par jour), soit à combler un besoin vital : la proximité de congénères. Pour éviter ces situations conflictuelles désagréables et potentiellement dangereuses, il est important de respecter quelques points :

  • En extérieur comme en carrière, l’important est de ne pas être trop gourmand.e ! Alternez le pas et les longs moments d’arrêts, assurez-vous de pouvoir varier la vitesse et l’amplitude du pas, vérifiez son équilibre lorsque votre cheval marche ou s’immobilise à vos côtés en vous assurant qu’il ne s’effondre pas sur vous.
  • Assurez-vous toujours que votre cheval est disponible physiquement et mentalement avant de lui demander un exercice. Si besoin, connectez-le par une caresse, un mot, une demande simple qu’il maîtrise sans réfléchir (baisser la tête, reculer, vous regarder… à vous de choisir selon vos acquis) et récompensez-le de la manière la plus expressive possible quand il se connecte à vous : souriez, grattouillez, dites-lui que vous êtes ravi.e de cette interaction !
  • Rendez le moment intéressant : nous verrons au Module 6 comment diversifier les séances, mais pensez d’ores et déjà à rajouter de la complexité, à solliciter votre cheval physiquement et mentalement, à tester la finesse de vos réponses : en jouant sur la distance et la précision, vous pouvez demander des transitions de plus en plus complexes, faire un slalom autour de plusieurs arbres, demander un arrêt à côté d’un panneau précis. Soyez créatif.ve et motivé.e pour enthousiasmer votre cheval !
  • Garder les mêmes exigences qu’en carrière… tout en étant plus tolérant. Rappelez-vous des exercices au pas initiés en carrière et inspirez-vous des résultats que vous avez obtenus pour visualiser ce que vous pouvez demander en extérieur. Par exemple, si votre cheval propose des transitions « pas de base / pas lent » fines et actives en carrière, tentez de les demander dehors. Par contre, acceptez également (dans un premier temps !) que son temps de réponse soit plus long, que sa posture soit moins décontractée… ou que vos aides soient moins précises. Il est normal d’avoir besoin d’un temps d’adaptation dans un nouvel environnement : ne vous jugez pas, observez et répétez calmement jusqu’à ce que vos résultats soient similaires dans toutes les situations !

EXERCICE – MODULE 4 – CHAPITRE 5

Sortez en extérieur ! En appliquant les conseils prodigués dans ce chapitre, quittez vos écuries. Planifiez trois séances (ou plus !) pendant lesquelles vous pouvez noter :

  • Durée totale : quelques minutes ou plusieurs heures, tout est correct tant que ça reste dans les limites de ce que votre cheval accepte… et apprécie.
  • Distance atteinte : même précision ! Il n’y a pas de distance idéale, l’objectif est juste de pouvoir augmenter ma sortie progressivement sans vous mettre en situation d’échec.
  • Indicateurs de mal-être observés : hennissements, crottins, trot en main…

A la fin de ces quelques sorties, comparez vos résultats : votre communication s’améliore-t-elle ? Arrivez-vous à ne pas franchir le seuil homéostasique / la limite émotionnelle de votre cheval ? Obtenez-vous des réponses proches de celles obtenues en carrière sur des exercices similaires ?