Introduction
Conclusion

Chapitre 5 – Exercices en Liberté

Évoluer en liberté est souvent vu comme un objectif à atteindre, une sorte d’idéal du travail du cheval. Et s’il s’agit en effet d’un excellent moyen de tester la connexion, la précision et la légèreté de la communication entre l’humain et son partenaire équin, la liberté peut également révéler des blocages, des gênes ou des incompréhensions. Il est tout à fait envisageable de commencer à mobiliser son cheval en liberté sans avoir de « feuille de route » : en fonction du tempérament de votre cheval, de ses facilités à comprendre vos demandes et de la justesse de vos aides, il est possible d’obtenir un cercle en liberté au galop en n’ayant jamais travaillé le mener au pas ! Ce chapitre vous propose une progression logique mais celle-ci n’est pas une vérité universelle : écoutez-vous, faites-vous plaisir et restez attentif aux indicateurs de votre cheval avant tout.

1. Mobiliser les différentes parties du cheval

Avant de vous mettre en mouvement en liberté, vérifiez que vous pouvez mobiliser votre cheval à l’arrêt et dans le calme. Comme indiqué dans les chapitres précédents, il est important que le cheval ne bouge que la partie de son corps à laquelle vous parlez : si vous lui demandez de tourner l’encolure, vous ne lui demandez pas de bouger ses pieds ! Si vous lui demandez d’engager ses postérieurs (de les « croiser »), vous ne parlez pas à ses antérieurs qui doivent donc rester fixes !

Prenez le temps nécessaire pour décomposer les étapes et corriger votre cheval. Il est très fréquent que les chevaux se trompent au début : ils rajoutent du mouvement en avant, essaient de reculer… Mais se tromper n’est jamais un souci ! Tant que votre cheval propose des solutions, tout va bien ! Votre rôle est de le guider, de l’aider à comprendre que ce n’est pas la solution recherchée, de l’encourager à chercher encore et de le récompenser très clairement quand il exprime le bon comportement. Si vos aides sont logiques, respectueuses et comprises, les progrès sont rapides : n’ayez pas peur de faire faux, craignez de ne rien faire !

  1. Mobiliser la tête et l’encolure
  2. Mobiliser les antérieurs et les postérieurs
  3. Mobiliser votre cheval latéralement, à proximité puis à distance

Les étapes et les précautions sont exactement les mêmes qu’en longe (chapitres 3 et 4 du présent Module). La difficulté principale est probablement de vous sentir à l’aise en liberté : c’est souvent le fait d’enlever le licol qui place l’être humain en difficulté. La posture change, l’assurance diminue… et le cheval s’éloigne ! Non pas parce qu’il n’est plus physiquement relié à vous, mais parce que votre attitude lui donne envie de prendre le large…

2. Mener en liberté

Si votre mener est léger en longe et que votre attitude reste identique, mener en liberté ne posera aucun souci majeur ! Les blocages sont généralement liés à un mener en longe non-acquis (si par exemple votre cheval trotte à vos côtés avec la longe tendue en permanence, il est fort probable qu’il ne parvienne pas à trotter en liberté !) ou à une peur du cavalier : si vous craignez constamment que votre cheval ne s’éloigne, toute votre posture va l’amener à partir ! Voici une proposition de progression pour travailler le mener en liberté :

  1. Pas/Trot
  2. Arrêt / Reculer
  3. Galop
  4. Transitions dans l’allure
  5. Transitions entre allures
  6. Changements d’œil et de direction

 

3. Envoyer vers… en liberté

Qu’il s’agisse d’envoyer son cheval vers un objet, au-dessus d’une embûche ou autour de nous sur un cercle, la logique reste rigoureusement identique : indiquer la direction au cheval avec une gestuelle claire et bienveillante, ne pas gêner le mouvement en avant, être confortable et souriant… Envoyer son cheval à distance permet vraiment d’aller plus loin dans la communication et la légèreté. Si vous avez jusque-là privilégié votre stick ou le poids de la longe, vous risquez de vous retrouver bloqué.e puisque votre cheval n’aura plus les signaux auxquels il est habitué et ne répondra donc plus à vos demandes. Si cela arrive, pas de panique ! Reprenez les chapitres précédents point par point et identifiez l’aide « inutile », le geste « parasite » qui a pu avoir une mauvaise influence lors de l’apprentissage. Un conseil : n’hésitez pas à vous filmer régulièrement. Le visionnage n’est pas toujours agréable mais cela fait partie de votre progression ! Vous aurez plus de facilité à pointer vos lacunes quelques heures (ou quelques jours) après votre séance qu’en plein milieu de la carrière.

  1. Envoyer vers un point précis
  2. Envoyer au-dessus d’une embûche
  3. Envoyer en cercle autour de vous
  4. Envoyer en huit de chiffre

 

4. Et s’il se déconnecte ?

Avant tout, si cheval est explosif quand vous enlevez le licol : sortez ! Vous ne voulez pas être associé à du « galop défouloir », vous ne souhaitez pas courir derrière pendant des heures alors éloignez-vous. Quittez la carrière ou le rond de longe, regardez ailleurs et attendez que votre cheval soit prêt à vous entendre physiquement et mentalement. Tant qu’il galope l’encolure renversée, il est dans un état émotionnel qui ne lui permet pas d’être réceptif !

Par contre, si cela devient une habitude, interrogez-vous : hébergement, nourriture, vie sociale, communication au travail, aides du cavalier… Il y a toujours une raison qui amène un cheval à augmenter brutalement sa locomotion : rappelez-vous, le galop n’est pas une allure fréquente en milieu naturel tant que les chevaux sont en troupeau stable et qu’il n’y a pas de stimulus extérieur anxiogène (ou de saison de reproduction).

Le galop ne doit pas devenir synonyme de « se défouler », « se déconnecter », « (se) mettre en danger » :  cela doit devenir une allure comme une autre et pour ça… il convient de le travailler comme vous abordez le pas ou le trot. Prenez le temps de passer en revue les étapes proposées lors des chapitres précédents : mobiliser, mener, envoyer vers… D’abord en longe et à des allures lentes, puis en augmentant les distances et la vitesse.

Le galop est souvent mal amené parce qu’il est craint : les cavaliers en demandent rarement, donc le cheval n’est physiquement pas prêt à galoper correctement parce qu’il ne prépare jamais sa musculature pour le faire, donc le galop est mal cadencé (trop rapide, désuni, à quatre temps…) donc les cavaliers le craignent, etc… Le cercle vicieux ne peut être rompu qu’en s’attelant sérieusement à enchaîner les départs au galop, à récompenser les efforts, à demander peu de foulées mais à les exiger propres et sereins. Avec la répétition et le calme, vous n’appréhenderez bientôt plus cette allure, votre cheval prendra confiance en lui et osera utiliser son corps et son mental pour galoper sans appréhension.

Si lors du travail en liberté, votre cheval se « déconnecte », qu’il s’éloigne (quelle que soit l’allure) de vous, voici des pistes pour le reconnecter :

  • Demander un désengagement – mis en place dans les chapitres précédents, il permet de capter l’attention du cheval en lui demandant de s’arrêter face à vous en croisant les postérieurs. Cela fonctionne si et seulement si l’exercice est vraiment acquis en longe, et si le cheval ne se déconnecte pas pour des raisons émotionnelles.
  • Remettre la longe / rajouter des étapes – réflexe incontournable du travail du cheval, quelle que soit votre discipline et vos objectifs : repartir en arrière, vérifier les fondations une par une, s’assurer qu’aucun geste parasite n’a influencé la compréhension de l’exercice.
  • Observer / analyser mes signaux : souvent, c’est la gestuelle du cavalier qui est à l’origine de la déconnexion. Trop de pression sur le cheval, stick trop haut, regard omniprésent ou, au contraire, posture effacée, pieds qui reculent… peuvent inciter votre cheval à rompre le contact.
  • Travailler sur l’émotionnel (le vôtre et le sien) : êtes-vous dans un état émotionnel vous permettant de communiquer ? l’un de vous est-il entré en carrière avec ses soucis du quotidien, ses peurs ou sa colère ? si oui, ne cherchez pas plus loin la raison de ces déconnexions intempestives…

La posture du cheval en liberté

En liberté tout comme en longe, il y a des indicateurs à ne pas ignorer : si votre cheval plaque les oreilles en arrière, qu’il menace de mordre, secoue l’encolure, fouaille de la queue… Non, cela n’est pas normal ! Non, cela ne fait pas partie de « l’attitude du cheval en liberté » comme on l’entend parfois, notamment dans le domaine du spectacle équestre ! Un cheval bien dans sa peau, à l’aise avec son ami humain et avec les exercices demandés, n’aura pas besoin d’exprimer sa gêne de cette manière.
Un cheval agressif ou mal à l’aise l’est toujours pour une raison et il convient de trouver laquelle. Par contre attention : vous n’êtes pas forcément à l’origine de son mal-être ! Il convient de scanner votre attitude et vos aides, mais pas de culpabiliser inutilement !
Si votre cheval exprimer ce type de comportements, l’important est de :


1. Ne pas marquer / ne pas « sacraliser » ce que l’on ne veut pas : ne punissez pas, ne criez pas ! Faites comme si vous n’aviez pas remarqué son attitude.
2. Ne pas se mettre dans une situation potentiellement dangereuse : si votre cheval a tendance à mordre, travaillez à 2 mètres de distance pendant quelques semaines. Tant que son attitude vous met en danger, il n’a pas le droit de s’approcher… et vous non plus ! Respectez la distance dont il a besoin pour se sentir bien, cela l’aidera à prendre confiance en vous progressivement.
3. Récompenser fortement les moments où sa posture est correcte : s’il vous offre (enfin) un départ au trot sans coucher les oreilles, marquez et récompensez immédiatement ! Montrez votre enthousiasme et votre plaisir !

 

EXERCICE – MODULE 5 – CHAPITRE 5

Testez les exercices proposés au cours de ce chapitre et identifiez votre niveau actuel pour pouvoir cibler votre marge de progression et les détails à améliorer :

  • Mobiliser les différentes parties du cheval
  • Mener en liberté
  • Envoyer vers… en liberté