Chapitre 3 – Préparation Mentale
« Quand on veut quelque chose, on se donne les moyens.
Quand on ne veut pas vraiment, on se cherche des excuses. »
Vous avez l’impression de ne jamais oser relever les défis équestres que vous rêvez d’accomplir ? Vous croulez sous les envies à concrétiser, les exercices à réaliser, les objectifs à surpasser ? Vous vous épuisez à imaginer une relation idéale avec votre cheval sans trop savoir comment vous y prendre et quels rouages enclencher ? Remettons un peu d’ordre et d’optimisme dans vos pensées…
1. Courte présentation
A l’origine, la préparation mentale n’était évoquée que pour les athlètes et visait à développer les capacités non-physiques essentielles à leur progression et à leur réussite : concentration, relaxation, projection, confiance en soi… Par des exercices et des rituels de respiration, de mémorisation, d’auto-hypnose ou encore de gestion des émotions ou de sophrologie, le sportif est amené à prendre conscience de ses objectifs et à préparer son esprit à la réalisation de ceux-ci.
Aujourd’hui, les outils de préparation mentale se sont largement répandus dans des domaines très éclectiques. Que nous soyons musiciens, ingénieurs ou aventuriers, nettoyer notre esprit de tout ce qui l’encombre, de toutes ces pensées parasites qui nous empêchent d’avancer, permet de clarifier le chemin que nous empruntons.
Dans le cadre de la relation Homme-Cheval, la préparation mentale apparaît comme une clef incontournable ! Parce qu’elle permet d’organiser nos pensées et nous donne le courage d’agir dans des dispositions favorables, elle contribue à améliorer le lien, la communication et la complicité entre l’humain et son partenaire équin.

2. Quel est votre objectif ?
La première étape de la préparation mentale est de se fixer un objectif. Avoir pris de grandes résolutions et s’astreindre à une organisation sans faille n’a aucun intérêt si l’on ne sait pas ce que l’on cherche ! La difficulté est de définir un objectif idéal.
Dans les années 50, Pete Drucker estime que pour être atteint dans de bonnes conditions, un objectif doit être SMART :
- Spécifique : soyez précis ! Dire « je veux passer de bons moments avec mon cheval » laisse trop place à l’interprétation… vous risquez d’avoir du mal à estimer les progrès réalisés et de changer d’objectif en cours de route. En revanche, définir que l’on veut « Pouvoir faire embarquer son cheval dans un van en complète liberté » ou « Faire une randonnée de 3 jours en autonomie » donne un but clair et précis.
- Mesurable : compter vous aide à prendre conscience de vos progrès et de vos efforts. Pour « Faire embarquer son cheval dans un van en complète liberté », je vais pouvoir me fixer des objectifs à court terme comme « chaque semaine, je fais une séance en liberté dans la carrière et une séance autour du van ».
- Ambitieux : votre projet doit vous donner envie de le réaliser ! Il doit vous demander des efforts, être gratifiant et motivant… sans pour autant être trop anxiogène. Si l’objectif vous terrifie, le poursuivre sera contre-productif. L’objectif est de vous sortir de votre zone de confort par étape, pas de vous paralyser.
- Réaliste : vous n’avez jamais monté à cheval, n’êtes pas encadré par un professionnel et vous envisagez de débourrer la jeune jument que vous apercevez de chez vous pour partir à l’aventure dans une semaine ? Placer la barre trop haut risque de vous pousser à l’abandon… et à l’accident.
- Temporellement défini : vous n’êtes pas obligé de vous fixer une date précise, mais fixer une échéance est un outil précieux ! « Je veux faire mon premier galop en extérieur cet été » vous engage et vous donne ce petit plus d’adrénaline nécessaire aux grands projets.
Une fois votre « objectif idéal » défini, vous pouvez commencer à regarder à court terme.
Comment concrètement allez-vous atteindre cet objectif ? 1. Prenez conscience de tous les acquis que vous avez et qui participent à votre réussite. 2. Définissez des étapes intermédiaires en visualisant votre objectif comme un entonnoir. 3. Si nécessaire, découpez ces étapes en étapes encore plus précises, réalisables et agréables à mettre en place. 4. Mettez en place les chaînes d’action nécessaires à la réalisation de votre objectif ! |
Prenons un exemple !
! (Attention : celui-ci n’est peut-être pas adapté à votre situation et ne vise qu’à vous inspirer et à vous aider à mettre en place votre projet).
Objectif idéal : Galoper sur une plage cet été / dans 6 mois.
Mes acquis :
Je sais monter à cheval au pas et au trot. Je fais des sorties en extérieur une fois par semaine.
Mes étapes intermédiaires :
- Apprendre à galoper
- 2x par semaine, j’ajoute du galop à ma séance montée
- 2x par mois, je demande à quelqu’un de me longer au galop pour travailler mon assiette.
- Gagner en assurance en extérieur
- Lors de ma sortie hebdomadaire, je rallonge la boucle habituelle d’environ 15min.
- 1x par mois, je sors en extérieur avec d’autres cavaliers pour découvrir de nouveaux chemins et sortir de mes habitudes.
- Galoper en extérieur
- Pendant un mois, je réalise un départ au galop à chaque sortie.
- Le mois suivant, je réalise deux départs au galop à chaque sortie.
- Aller à la plage au pas et au trot
- Lors de ma première plage, je reste au sol et permets à mon cheval de découvrir l’environnement.
- Les 2 ou 3 sorties suivantes, je me mets en selle quelques minutes. Je marche et trotte en fonction de la situation, sans me mettre en danger ni inquiéter mon cheval.
- Galoper sur la plage
- Une fois les étapes précédentes acquises, je demande un départ au galop et me contente de quelques foulées.
- Je réalise mon rêve et galope quelques centaines de mètres le long de l’eau.
L’important de cette démarche est de se centrer sur soi, sur ses envies profondes et sur ce que l’on se sait capable de réaliser. Attention de ne pas vous laisser influencer par ce que l’environnement vous dicte. Nous vivons dans une société qui nous noie sous les injonctions à être, à montrer, à réaliser… Que vous ayez envie de voyager, d’acheter un terrain, de finir un livre ou de créer votre entreprise, tout cela n’a de sens que si VOUS lui en donnez !
3. Visualiser ce que l’on veut et non ce que l’on craint
Le positif attire le positif. Plus vous y croyez, plus vous vous focalisez sur ce que vous désirez réellement, avec un plan clair à l’esprit et la conviction que vous avez toutes les cartes en main pour réussir, plus vous vous rapprochez de votre but. Mais rester positif et enthousiaste sur le long terme peut être épuisant ! La réalité du quotidien fait qu’il y a de mauvaises journées, des embûches sur lesquelles nous ne pouvons pas agir, des périodes où l’on a ni le temps ni l’envie de se concentrer sur nos objectifs personnels. Alors comment faire ?
- Ne pas utiliser le conditionnel – même si cela vous paraît loin, même si vous ne savez pas encore quand ni comment vous allez le réaliser, visualisez votre objectif à l’indicatif ! Remplacez « Si je pouvais, j’aimerais tant galoper sur une plage » par « Quand je pourrai, je galoperai sur une plage » ! Faites l’exercice devant un miroir : voyez comme votre visage s’ouvre et vos yeux pétillent à l’idée que cela appartient à votre futur, et non à un hypothétique regret !
- Simplifier et prioriser– dès que possible, faites le tri dans tout ce qui encombre vos pensées. Essayez de mettre de côté tout ce sur quoi vous ne pouvez pas agir (vous avez eu une amende de stationnement ? vous êtes confiné.e depuis 2 mois ? Oui, c’est rageant, mais vous ne pouvez rien y faire ! Alors acceptez et passez à la suite !) et priorisez vos actions. La vaisselle peut attendre quelques heures… par contre, la sortie en extérieur que vous aviez prévu pour apprendre à galoper est sur votre agenda !
- Visualiser ce que l’on veut attirer– en situation neutre ou positive (assis.e sur un transat au soleil ou près de votre cheval suite à une séance particulièrement réussie), il est plutôt facile de se concentrer sur vos objectifs, vos envies et vos points forts. Mais lorsque vous vivez un moment difficile, la tentation de tout envoyer valser et de renoncer à tous les efforts entrepris est grande.
Si vous sentez que vous perdez pied, faites simple : pensez à quelque chose qui vous procure du bien-être. Il peut s’agir de votre objectif idéal (« Galoper sur la plage cet été ») ou de quelque chose que vous maîtrisez et qui vous fait du bien (prendre un bain, vous allonger sur votre lit… manger une viennoiserie). L’idée n’est pas de vous noyer dans vos émotions, mais de simplement soigner votre rapport à vous-même, d’être bienveillant et compatissant envers la part de vous qui passe un mauvais moment.
- Restreindre le champ des possibles – pour éviter la frustration, ne prenez que ce que vous pouvez prendre ! Il pleut, vous n’êtes pas en forme, la carrière est bondée, votre cheval est de mauvaise humeur… Soit ! Faites avec ce que vous avez, ne pensez pas à ce que vous auriez pu avoir. Transformez votre projet de mise en selle au galop par un exercice de « fouille alimentaire » dans un tas de foin ! Cela vous permettra de rester à distance des autres cavaliers, stimulera votre cheval cognitivement et renforcera votre relation en évitant les ressentiments et les comparaisons. Vous vous placez en situation de succès et repartez avec la sensation de ne pas avoir perdu votre temps et votre bonne humeur.
Ces quelques astuces inspirées de la préparation mentale des grands sportifs seront d’une grande aide dans l’amélioration de votre communication et de votre complicité avec votre cheval. Nous verrons bientôt que les mêmes règlent prévalent lors de nos interactions en carrière, et plus particulièrement lors des séances d’apprentissage.
EXERCICE – MODULE 2 – CHAPITRE 3
1. En suivant la méthode SMART, fixez-vous un objectif précis que vous rêvez d’atteindre avec votre cheval. Définissez-le précisément, listez vos acquis techniques nécessaires à sa réalisation et ciblez les étapes essentielles à sa mise en place.
2. Prenez quelques minutes pour réfléchir à une situation ou à une pensée qui vous fait du bien. Comme toujours, il n’y a pas de mauvaise réponse ! Cela peut être l’image d’une plage déserte, un câlin de vos enfants ou l’arrivée de votre journal préféré dans votre boîte aux lettres. Assis.e confortablement, les yeux clos, visualisez ce moment, ressentez ce que cela fait apparaître dans votre corps, physiquement et mentalement, tout en respirant lentement et profondément… Aucun jugement, juste de l’observation. Vous en aurez besoin pour les chapitres suivants…