Chapitre 3 – Exercices : Bouge avec moi !
A partir de ce chapitre, certains thèmes d’exercices vous sont proposés avec différentes options (identifiées par des lettres). N’hésitez pas à prendre le temps de consolider les premières étapes, de les reprendre et de les alléger avant de passer à la suite. En fonction de votre aisance et de votre niveau, vous pouvez également tester les exercices plus avancés tout et revenir affiner régulièrement les premières étapes. Il y a toujours une marge de progression, quel que soit notre niveau ! Tant que vous respectez votre cheval et les « 10 Principes des Interactions Homme-Cheval », vous pouvez vous lancer des défis et diversifier vos séances… mais nous verrons tout cela plus précisément lors du Module 6 !
– RAPPELS CHAPITRE 1 –
La progression des aides à utiliser dans chacune des étapes :
- Énergie
- Souffle / Respiration
- Gestuelle sans contact
- Voix / Claquements de langue
- Contact
Les signaux doivent être :
- Exclusifs
- Logiques
- Rigoureux
- Respectueux
C’est parti !
1. Mener à toutes les allures
Mener son cheval en marchant à ses côtés est probablement le premier exercice indispensable à toute personne interagissant avec des équidés (sauf cas très particulier de cheval agressif, voire « inapprochable », où l’on privilégiera d’abord le travail en liberté). Que l’on souhaite simplement sortir du pré, traverser l’écurie, préparer/améliorer le travail sous la selle ou se lancer des défis avancés en liberté, il faut commencer par marcher avec son cheval
- Pas : première allure à mettre en place ! La clef est de choisir votre position et de la maintenir : si vous désirez mener votre cheval en étant au niveau de sa tête, vous devriez rester au niveau de sa tête tant que vous marchez ! Si vous vous retrouvez devant votre cheval ou au niveau de son épaule… c’est que vous ne marchez pas ensemble.
- Arrêt : en fonction de votre niveau, l’arrêt peut être soudain ou progressif. L’important est que la réponse de votre cheval corresponde à ce que vous demandez. Pour ça, soyez honnête avec vous-même : voulez-vous un arrêt à côté de tel cône ? ou une transition à l’arrêt sur 3 à 4 foulées ?
- Reculer : comme pour le pas, il est important de garder en tête qu’il s’agit d’un mouvement. Vous devez donc visualiser, inspirer, agir comme lorsque vous demandez un départ vers l’avant ! Par contre, trouvez un code qui indique un mouvement vers l’arrière : épaules en arrière, main levée, geste avec le stick… Conformément à la progression des aides listées ci-dessus, ne touchez la longe/le licol qu’en dernier recours.
- Trot : une fois que votre cheval marche, s’arrête et recule à vos côtés, tentez le trot ! Gardez toujours la même logique dans l’utilisation de vos signaux et soyez vigilant.e quant à votre position pour qu’elle reste la même tout au long de l’exercice.
- Transitions dans l’allure : il est important de pouvoir ralentir et accélérer chaque allure sans que cela n’entraîne de stress, de fuite… ou d’arrêt. L’exercice vous oblige également à adapter votre énergie, votre intention, à la vitesse choisie : par exemple, entre accélérer le pas et passer au trot, le signal doit être complètement différent… mais la nuance est parfois subtile !
- Transitions complexes à l’épaule : après avoir obtenu des transitions dans l’allure, vous pouvez vous atteler aux transitions complexes entre allures. Au début, faites simple (pas / trot / arrêt) puis osez aller plus loin : 3 foulées de trot / 15 foulées de pas / arrêt / 4 foulées de reculer / départ au trot… Tout est possible tant que votre cheval est disponible physiquement et mentalement et que vos demandes sont justes et respectueuses !
- Galop : il est généralement plus judicieux de travailler le galop d’abord sur le cercle (voir chapitre 4 du présent Module) afin que le cheval soit à l’aise dans cette allure et, surtout, que vous soyez assuré.e d’avoir un code exclusif, destiné uniquement au départ au galop (il peut s’agir d’un mot, d’un claquement de langue, d‘un geste…). Le mener au galop doit être très progressif au début : contentez-vous de une ou deux foulées avant de proposer un long arrêt récompense. Galoper aux côtés d’un humain implique que le cheval ralentisse son allure naturelle et adapte son équilibre donc soyez tolérant !
- Changer de zones : si vous demandez généralement votre mener au niveau de la tête, tentez maintenant de le demander depuis l’épaule de votre cheval, depuis ses flancs, derrière sa croupe… ou un mètre devant sa tête ! Là encore, tout est envisageable ! Néanmoins, il est important de vous sentir à l’aise : si vous ne vous sentez pas de demander le galop depuis la croupe, ne le faites pas encore ! Si vous hésitez, que vous n’êtes pas à l’aise avec votre demande, vous n’êtes pas congruent… et l’apprentissage est altéré !
2. Déplacer les différentes zones du cheval
Tête et encolure : souplesse et immobilité
Que ce soit pour mettre le licol, accepter un soin, enfiler une bride ou étirer cette zone, le cheval doit pouvoir baisser, fléchir et orienter sa tête et son encolure à votre demande. Deux méthodes sont possibles : utiliser une cible (R+) pour indiquer à votre cheval où il doit placer sa tête, puis associer un signal secondaire (« tourne », « viens »…) ou agir avec une pression sur la longe dans la direction voulue (R-), et relâcher dès qu’il cède.
- Baisser la tête
- Tourner la tête de quelques centimètres
- Orienter et fléchir l’encolure jusqu’au flanc
Que vous le demandiez en R+ ou en R-, l’important est de récompenser quand le cheval est léger (s’il a la tête tournée mais que vous avez l’impression d’avoir 15 kg dans la main, il convient de retourner à l’étape suivante ! Un cheval qui apprend à s’appuyer n’y trouve aucun confort et les exercices suivants seront compliqués à exécuter légèrement) et immobile (tant qu’il bouge, continuez votre demande, calmement et sans monter dans l’émotionnel. S’il a du mal à trouver l’immobilité par lui-même, leurrez-le, par exemple en lui proposant un arrêt à la voix ou en tendant votre longe, tout en continuant à demander votre flexion).
Pieds et membres : uniquement le(s) pied(s) auquel je parle !
Pouvoir mobiliser les pieds de son cheval peut parfois sembler laborieux et inutile. Pourtant, c’est un élément essentiel et une pièce de puzzle indispensable à de nombreux apprentissages à venir ! Départ au galop, engagement du postérieur, cessions à la jambe, appuyers… Tout sera simplifié et allégé si votre cheval sait quand et comment mobiliser chacun de ses pieds !
- Proche de lui : au contact de son corps, apprenez-lui à bouger ses pieds en lui demandant de croiser le pied proche de vous devant l’autre pied. Soyez précis et rigoureux : si vous demandez une foulée, vous n’en demandez pas trois !
- De face par suggestion : une fois cela acquis, éloignez-vous un peu en vous positionnant vers la tête de votre cheval. La demande est la même : demandez un pas après l’autre en utilisant un code exclusif clair faisant intervenir votre énergie, votre respiration, votre voix si voulu, votre gestuelle si nécessaire.
- Maintenir la demande plusieurs foulées : lorsque vous pouvez obtenir des foulées isolées avec légèreté et calme, demandez-en plusieurs !
- Faire les mêmes demandes sans contact : déplacez antérieurs et postérieurs sur un nombre défini de foulées, uniquement avec votre énergie.
Pour déplacer les postérieurs : orientez tout votre corps vers la zone à déplacer (regard, épaules, hanches), inspirez et augmentez vos aides progressivement. Vous pouvez également vous pencher sur le côté afin d’avoir un signal clair que le cheval ne risque pas de mélanger avec les moments où vous pourriez avoir besoin d’aller vers l’arrière-main sans la déplacer (par exemple pour brosser la queue).
Pour déplacer les antérieurs : parallèle au cheval, votre nombril est orienté sous l’encolure du cheval. Ses postérieurs représentent la pointe du compas et ne doivent ni avancer ni reculer. Si le cheval a tendance à se porter en avant, orientez-vous légèrement vers son poitrail. S’il a tendance à reculer, orientez-vous vers sa tête.
Attention : si vous parlez aux postérieurs, vous ne parlez pas aux antérieurs ! Il est important d’être clair dès le début et de ne pas récompenser ce que vous ne voulez pas. Votre cheval apprendra ainsi à être précis et à écouter ce que vous lui demandez, et non à « fuir » en exécutant plein de foulées dans la précipitation.
3. Passer des embûches ensemble
Qu’il s’agisse de franchir une barre au sol, une bâche, un couloir ou n’importe quelle surface inconnue… La logique et la progression sont toujours les mêmes :
- Pouvoir regarder / sentir l’embûche
- Passer dans le calme : il est indispensable de d’abord franchir l’embûche sans accélération ni ralentissement. Prenez tout le temps nécessaire, marquez les efforts de votre cheval et les progrès seront rapides !
- Pouvoir marquer un arrêt : l’étape suivante est d’obtenir un arrêt sur l’embûche. Une fois de plus, soyez très à l’écoute de son comportement et de son stress potentiel : mieux vaut obtenir un arrêt de 3 secondes dans le calme, que d’exiger 1 minute complète d’un cheval qu’il faut contraindre et corriger sans cesse !
- Pouvoir maintenir une cadence identique : travaillez ensuite sur le franchissement de l’embûche en imposant une allure : pas allongé, pas raccourci, trot moyen… L’objectif est d’obtenir que l’embûche n’incite pas votre cheval à accélérer ou ralentir de lui-même. Ne tentez cette étape qu’aux allures maîtrisées lors du mener en main !
- Pouvoir mobiliser centimètre par centimètre / foulée par foulée : une fois les étapes précédentes acquises, c’est l’heure des défis ! Essayez de ne faire qu’un seul pied, puis d’obtenir 3 foulées (et pas 4 !) : travaillez sur votre précision et sur votre concentration !

4. Se déplacer latéralement
Les déplacements latéraux permettent d’associer l’apprentissage du déplacement jusque-là dissocié des antérieurs et des postérieurs, puis de le coupler au maintien du mouvement en avant, tout en mobilisant le cheval latéralement et longitudinalement. Bien sûr, ces exercices permettent aussi de préparer la transition montée et le transfert des exercices latéraux sous la selle.
- Déplacement latéral à la barrière : proche de lui (le même exercice sera travaillé à distance dans le prochain chapitre), parallèle à la piste et orienté.e vers votre cheval, mobilisez les antérieurs et les postérieurs en « essuie-glace », jusqu’à ce que votre cheval comprenne et propose de croiser ses membres de manière fluide. Travailler tête à la barrière permet de ne pas avoir à corriger le mouvement en avant tout en insistant sur le mouvement très latéral de l’exercice.
- Sans barrière sur une ligne droite : une fois cela acquis, il est possible de demander la même chose sans barrière. Une barre au sol peut vous aider à matérialiser le mouvement. Il est important de ne pas tenir le cheval, et de lui apprendre à se déplacer équilibré : au début, soyez très progressif.ve, quitte à ne demander qu’une ou deux foulées pour vous assurer que votre cheval ne cherche pas à avancer ou reculer.
- Sans barrière avec mouvement en avant : une fois que vous êtes sûr.e que votre cheval a acquis le déplacement latéral « pur », vous pouvez rajouter du mouvement en avant, dans une idée de cession à la jambe. Pour cela, commencez par mener votre cheval à vos côtés à la piste, puis doublez (quittez la piste) en fixant un point précis situé en diagonal par rapport à vous. L’objectif est de rejoindre ce point en associant déplacement latéral et mouvement en avant, dans le calme et de la manière la plus régulière possible.
- Épaule en dedans / tête au mur : si toutes les étapes précédentes sont acquises, vous pouvez maintenant associer les différentes pièces du puzzle pour obtenir du travail de deux pistes propre et régulier. L’objectif de ce chapitre étant « Bouge avec moi ! », pensez à votre posture qui doit réfléchir celle que vous souhaitez que votre cheval adopte. Si vous êtes penché.e à gauche alors que vous souhaitez que votre cheval ait un pli à droite, ça ne fonctionnera pas. Si vous désirez qu’il maintienne un pas actif alors que vous piétinez sur place en hésitant, il n’y arrivera pas. Si vous désirez une épaule en dedans, orientez légèrement votre propre épaule intérieure vers l’intérieur de la carrière, prenez conscience de vos hanches, de votre regard, puis demandez à votre cheval de travailler sur deux pistes tout en maintenant son mouvement en avant. Là encore, ne soyez pas trop gourmand.e ! Une seule foulée à la fois peut suffire pour déclencher l’ancrage de l’apprentissage.
Dans tous ces exercices, pensez systématiquement à la suite, à ce qui sera transféré en selle. Ne perdez pas de temps à ancrer quelque chose qui ne nous servira pas ensuite ! Par exemple, pourquoi renforcer un déplacement latéral lourd et pesant si c’est contraire à ce que vous demanderez sous la selle ? Chaque apprentissage doit servir aux suivants…
N’hésitez pas à répéter ! Pour que la détente arrive, il faut répéter. C’est toute la difficulté : trouver le compromis entre répétition et diversité (ce qu’on verra au Module suivant). Mais sans répétition, pas de maîtrise ! Pour que le mouvement devienne fluide, que vos aides deviennent automatiques, que vous respiriez correctement : vous devez répéter comme vous répétiez vos gammes ou vos tables de multiplication ! On aimerait que tout soit faisable en faisant peu d’efforts, mais c’est faux. Par contre, les efforts n’ont pas à être désagréables… Alors choisissez des signaux logiques et respectueux, mettez en place des indications claires… et commencez à répéter ! |
EXERCICES – MODULE 5 – CHAPITRE 3
Testez les exercices proposés au cours de ce chapitre et identifiez votre niveau actuel pour pouvoir cibler votre marge de progression et les détails à améliorer :
- Mener à toutes les allures
- Déplacer les différentes zones du cheval
- Passer des embûches ensemble
- Se déplacer latéralement