Introduction
Conclusion

Chapitre 3 – Comment se lancer des challenges ?

Maintenant que vous avez conscience de tout ce que vous connaissez, il ne vous reste plus qu’à découvrir comment associer et articuler ces bases pour aller plus loin ! Tous les cavaliers rencontrent un jour ce blocage : l’ennui. Pris par la routine de leurs séances, la répétition d’exercices connus et, trop souvent, par la certitude qu’ils ne sont pas capables de sortir de ce schéma par manque de connaissances ou de niveau technique, ils proposent toujours le même type d’interaction et voient leur cheval de moins en moins enthousiaste. Non seulement le binôme ne progresse plus mentalement, mais en plus les sollicitations physiques sont également toujours très similaires et n’aident pas le cheval à se développer harmonieusement.


Nous l’avons vu : il est primordial de sortir de sa zone de confort régulièrement et d’apprendre à son partenaire équin à repousser ses limites. Voyons comment s’y prendre pour diversifier nos séances sans franchir la « ligne rouge » !

1. S’assurer que les conditions sont réunies

Que vous vous apprêtiez à demander un exercice connu ou à entamer un tout nouvel apprentissage, la logique est toujours la même : attendre que le cheval soit disponible physiquement et mentalement. S’il est distrait ou souffrant, il n’est pas en capacité d’écouter, et encore moins de répondre et d’apprendre efficacement.

Lorsque l’on veut diversifier ses séances, il convient d’aller encore plus loin : non seulement votre cheval doit être détendu et disponible, mais vous devez également le sentir enthousiaste. Pensez à vos propres capacités de concentration : vous pouvez tout à fait vous lever un matin dans un état émotionnel et physique confortables et agréables sans pour autant être prêt.e à apprendre une nouvelle langue totalement inconnue ! Si vous décidez de participer à un stage, de découvrir une nouvelle discipline ou de suivre une conférence, vous adoptez un état adéquat mêlant intérêt, motivation, curiosité, excitation. Tout votre corps, consciemment ou non, est prêt à apprendre et à découvrir. Pour votre cheval, passer à la vitesse supérieure dans vos séances nécessite le même état d’esprit : s’il vous accueille de bonne humeur, marche d’un bon pas vers la carrière et semble connecté à vous, c’est bien. C’est nécessaire. Mais ça n’est pas suffisant.

Pour bouleverser vos habitudes de travail, vous devez vous assurer que votre cheval :

  • Est physiquement et mentalement à l’aise : pas de stimuli anxiogènes, de douleur, de déménagement trop récent, de bouleversements sociaux qu’il aurait du mal à digérer.
  • Est connecté avec vous : il vous suit des yeux, est intéressé par vos demandes, observe votre gestuelle.
  • Est à l’aise avec les exercices « de base » : quel que soit votre niveau, vous devez avoir quelques exercices maîtrisés à 100% avec légèreté, auxquels votre cheval répond dans le calme et sans hésitation.
  • A un temps de réponse court : réactif, il réagit à vos demandes quand vous les exprimez.
  • Présente des indicateurs de bien-être : oreilles en avant, rythme cardiaque lent, yeux grands ouverts et fixés sur vous la majorité du temps, absence de tension musculaire.

Bien sûr, ces différents points peuvent se mettre en place au cours de la séance ! Il est extrêmement rare d’avoir un cheval qui se précipite vers nous au grand galop en réclamant de nouveaux exercices, donc ne vous inquiétez pas si votre compagnon démarre votre interaction du jour en baillant ou en appelant ses congénères. Cela ne signifie pas que vous devez forcément rester dans votre zone de confort ce jour-là ! Mais cela implique que vous mettiez en place ce cadre avant de vous lancer dans de nouveaux défis.

Par exemple, vous pouvez proposer un échauffement actif, avec des exercices très connus, et observer l’attitude de votre cheval : est-il réceptif, enthousiaste, léger ? Si oui, testez sa connexion en le « surprenant » : modifiez très légèrement un exercice (en rajoutant un mètre de distance, en le demandant dans un nouveau coin de la carrière, en diminuant votre gestuelle…) et observez encore : votre cheval semble-t-il toujours motivé ? Répond-il sans hésitation, sans crispation, « avec le sourire » ? C’est qu’il est prêt à passer à l’étape suivante !

Si votre cheval est intéressé par ce que vous lui proposez, il sera motivé à apprendre. En alternant des exercices de bases maîtrisés et des défis techniques raisonnables, vous allez le rendre passionné par vos séances ! Il deviendra de plus en plus curieux, interrogera votre gestuelle, suivra le moindre de vos mouvements en vous demandant : « Et maintenant, on fait quoi ?! ». L’origine de cet enthousiasme est un subtil mélange entre connaissances et découvertes… et tous les binômes Homme-Cheval peuvent le mettre en place !

 

2. Changer d’environnement

Première option pour diversifier vos séances : modifier l’environnement ! En maintenant exactement vos demandes et vos exercices habituels, vous pouvez :

  • Changer de lieu :
    • Aller en extérieur : profiter des chemins, des arbres, des talus, des changements de sol, de relief, de couleurs…Travailler dans un coin de la carrière que vous avez tendance à négliger : mener dans le calme dans le « fond qui fait peur », demander un envoyer vers le tas de barres d’obstacle, travailler les arrêts/reculer à la porte…
    • Travailler dans un endroit de l’écurie généralement destiné à autre chose : demander des reculers à distance vers le parking, des flexions d’encolure à la douche, des cercles au pas devant le club-house, des déplacements latéraux devant la porte du pré…

 

  • Changer de posture/de position en demandant vos exercices en étant assis.e sur une chaise, accroupie dans le sable, en hauteur (sur une barrière stable, un soubassement solide)…

En variant les lieux et les postures, et ce sans forcément quitter l’écurie et le domaine vital du cheval, vous pouvez quitter votre zone de confort sans avoir besoin de connaissances techniques supplémentaires ! Tous ces exemples ne constituent bien sûr pas une liste exhaustive : soyez créatif.ve ! Seul bémol : veillez toujours à garantir votre sécurité et celle de votre cheval…

Vous habituer à changer d’environnement sera extrêmement précieux lors de situations anxiogènes

 

3. Augmenter la distance

Deuxième option pour varier vos séances facilement : augmenter/changer la distance à laquelle vous demandez vos exercices.

  • Varier les longueurs de longe : souvent, la longe utilisée en travail au sol mesure entre 2 mètres et 3 mètres 70. Vous pouvez investir dans des longes de 7 mètres, puis de 14 ou 15 mètres. Le poids est parfois déstabilisant au début, mais vous y gagnerez en précision et préparerez efficacement le travail en liberté.
  • Changer votre positionnement par rapport au cheval : mener depuis différentes zones (par exemple en enchaînant les transitions connues en vous tenant devant la tête de votre cheval, à côté de sa croupe, derrière lui…), envoyer sur le cercle en vous positionnant derrière des cônes…

Surprenez votre cheval en lui demandant des exercices qu’il connaît depuis une position à laquelle il ne s’attend pas. Si vos demandes sont progressives, elles lui permettront de comprendre que votre énergie, votre intention et votre gestuelle n’ont pas changé et qu’il a toutes les clefs en main pour comprendre et réaliser ces exercices sans encombre.

 

4. Rajouter du matériel 

Barres, cônes, soubassements, bâche, bidons… Avec très peu, vous pouvez faire énormément !! Là encore, vous n’avez pas besoin de connaissances techniques pointues ou de dizaines d’heures de cours privés. Voici quelques exemples :

  • Bâche et barres au sol : faire une transition montante ou descendante lors du franchissement, demander un arrêt dessus, avancer pied par pied (avancer l’antérieur droit / marquer un arrêt / avancer l’antérieur gauche / marquer un arrêt…), passer en mener ou en envoyer sur le cercle, demander un déplacement latéral par-dessus…
  • Cônes : mener en slalom (possible aux trois allures), reculer à l’épaule entre deux cônes, reculer en slalom, demander des huit de chiffres à distance, matérialiser une boîte (4 cônes en carré) où vous fixez vos pieds pour demander des cercles, des envoyers vers, des reculers à (grande) distance…
  • Soubassements : installer un couloir à franchir aux trois allures (en mener ou en envoyer), mettre en place un passage étroit (par exemple le long de la piste), demander des exercices à distance en se mettant dessus,

Utiliser du matériel permet d’aider le cheval à visualiser nos demandes et l’amène à anticiper et donc à se préparer physiquement et mentalement avant d’arriver à proximité d’une installation. Pour l’humain, c’est un excellent moyen de s’assurer que nous sommes précis et que nous ne laissons pas passer deux ou trois foulées « inutiles » à chaque demande.

 

5. Associer les exercices et rompre les routines

La dernière manière de diversifier vos séances demande un peu de préparation et d’entraînement. Il s’agit d’apprendre à associer les exercices entre eux, à passer de l’un à l’autre de manière fluide et souple. Au début, il est possible que vous passiez plus de temps à réfléchir à votre prochain enchaînement qu’à mobiliser votre cheval : c’est normal ! Avec l’entrainement, vous prendrez de l’assurance et parviendrez de mieux en mieux à articuler les exercices entre eux. Quelques exemples d’enchaînement :

  • Mener au pas / arrêt / reculer / départ au trot / 15 foulées de trot / arrêt / 5 foulées de pas / arrêt / reculer 2 foulées / départ au trot directement
  • Déplacement latéral tête à la piste vers la gauche (cavalier à la droite du cheval) / désengagement des postérieurs (le cheval fait face au cavalier) / envoyer sur le cercle à gauche en s’éloignant de la piste / transition au trot / transition au pas / transition au trot / cercle en autonomie au trot / arrêt par désengagement.
  • Reculer de face à 6 mètres de distance / ramener par aspiration / reculer de face à 4 mètres de distance / arrêt / reculer de face sur 1 mètre supplémentaire / envoyer sur le cercle à droite / spirale sur le cercle (diminuer et agrandir le diamètre du cercle souplement) / arrêt par désengagement / reculer de face à 6 mètres de distance

Essayez d’imaginer que vous créez une chorégraphie mêlant exercices connus, difficultés techniques progressives, moments de calme et moments de mobilisation dans le mouvement. Pensez à bien visualiser ce que vous allez demander et ce que vous désirez obtenir : l’objectif n’est pas que ce soit complexe, mais que ce soit propre, compris et réaliser avec légèreté !

 

Erreur fréquente
 
Faites extrêmement attention aux apprentissages ancrés involontairement ! Avez-vous remarqué que votre cheval s’arrête toujours de lui même après deux foulées de reculer ? Qu’il commence à orienter sa tête à droite dès que vous l’arrêtez après un cercle à gauche ? Qu’il rechigne à repartir sur des exercices actifs après avoir galopé ?
Il est fort probable que vous l’ayez conditionné à réagir comme ça. Parce que vous récompensez systématiquement après deux foulées de reculer, parce que vous alternez toujours côté droit et côté gauche quand vous travaillez sur le cercle, parce que vous finissez toujours vos séances par le travail du galop… Jour après jour, ces habitudes deviennent des automatismes qui peuvent vraiment altérer la qualité de vos séances. Essayez de traquer tous ces rituels mis en place un peu malgré vous et apprenez à en sortir en utilisant les conseils prodigués dans ce chapitre !
 

 

EXERCICE – MODULE 6 – CHAPITRE 3

1. Choisissez un exercice que vous maîtrisez à 100% : marcher au pas, demander un arrêt, obtenir une transition reculer-galop… Tout est possible tant que cela correspond à votre niveau et se trouve dans votre zone de confort.

2. Demandez cet exercice dans un environnement différent : en extérieur, dans un endroit peu familier, en vous tenant en hauteur…

3. Demandez cet exercice avec des distances différentes : augmentez la longueur de votre longe, changez votre positionnement…

4. Demandez cet exercice en utilisant du matériel : matérialisez votre demande avec des barres, des cônes, des bidons…

5. Intégrez cet exercice dans un enchaînement de 2-3 autres demandes en créant une courte « chorégraphie » fluide et sereine.