Introduction
Conclusion

Chapitre 1 – Comment devient-on amis ?

1. Qu’est-ce que l’amitié ?

L’amitié a fait couler beaucoup d’encre. De nombreux philosophes, poètes ou sociologues ont tenté de la définir, de l’étudier et de la catégoriser. L’amitié évoque le lien, l’attachement, le temps qui passe, les souvenirs en commun, la confiance et les compromis, les services rendus et les présents sans contrepartie. L’amitié, c’est le premier pont coupé avec le cercle familial, les premiers sentiments d’appartenance, de complicité et de jalousie parfois, en dehors du foyer où nous faisons nos premiers pas. Se faire des amis, c’est grandir.

 

Une histoire d’échanges, de confiance et de communication

Pour devenir l’ami de son cheval, il faut d’abord savoir à quoi l’on s’engage. Parce que l’amitié procure et exige. Il ne s’agit pas d’un lien à sens unique, mais bien d’une relation construite, volontaire… et précieuse.

L’amitié naît souvent un peu au hasard mais ne se maintient pas sans efforts, du moins dans les premiers temps. C’est une relation qui demande du temps et qui est fondée sur l’échange. Vous ne diriez pas d’une personne croisée à deux reprises pendant dix minutes qu’elle est votre amie. Cependant, une autre personne avec laquelle vous avez partagé d’innombrables heures en commun ne sera pas forcément votre amie non plus… Comme en amour, l’amitié implique une volonté commune, en plus d’une richesse des échanges et d’une envie de se confier comme on ne se confierait pas à la majorité des autres individus composants notre tissu social. Être amis, c’est entendre les besoins de l’autre et partager les siens.

Lors d’une amitié interspécifique comme celle liant un humain et un cheval, l’amitié se définit de la même manière : vous ne pouvez pas être le/la seul.e à vouloir que votre cheval soit votre ami et vous partagez ensemble des instants qui n’appartiennent qu’à vous.

Tentons de lister les caractéristiques de l’amitié :

  • Valeurs / centre d’intérêts en commun
  • Expérience émotionnelle partagée
  • Affection et Attention
  • Communication et échanges
  • Souvenirs communs
  • Relation durable
  • Processus de deuil à la perte de l’ami

 

Avoir des amis, c’est bon pour la santé !

Entretenir des relations sociales intenses telles que l’amitié a un impact sur vos hormones ! Lorsque vous êtes avec un ami, humain ou non-humain, comme lors de relations amoureuses, la sécrétion d’ocytocine par votre corps vous apaise, vous donne confiance en vous et vous aide à combattre le stress. Avoir des relations sociales régulières et fortes procure de la dopamine, de la prolactine et de l’endorphine, qui agit notamment sur les circuits du plaisir et de la douleur, alors que les humains socialement isolés seraient plus à même de déclencher des maladies cardiovasculaires ou de l’hypertension.

Et parce que de nombreuses études ont prouvé les bienfaits des interactions avec des animaux domestiques, lier une véritable amitié, durable et réciproque, avec un cheval ne peut que vous faire du bien à tous les deux !

2. De l’importance des premières interactions

Imaginez la scène. Vous entrez dans un bar, un soir de fin de semaine. Dans l’obscurité, attablée avec les collègues que vous deviez retrouver ce soir, vous reconnaissez Z., une personne que vous avez croisé à une soirée, il y a 2 semaines, et avec laquelle vous avez passé un excellent moment. Valeurs et centres d’intérêt communs, feeling réciproque, vous pensez que vous pourriez vraiment devenir ami.e.s.

Cas n°1 :  noyé.e dans vos problèmes personnels, vous arrivez en pleurnichant, ne lui demandez pas comment elle va, déversez vos inquiétudes et vos angoisses pendant deux longues heures, lui laissez votre sac quand vous allez aux toilettes, ne la remerciez pas pour le service rendu et finissez par pester contre le  portefeuille que vous avez oublié. Si cela peut devenir une anecdote amusante que vous vous raconterez dans 20 ans, dans la majorité des cas, cela mettra un terme à une relation naissante…

Cas n°2 : heureux/se de la voir, vous souriez et prenez de ses nouvelles, vous l’interrogez sur ses passe-temps ou sa famille, montrez de l’intérêt sans l’interrompre et répondez à ses questions avec enthousiasme. Sans avoir besoin de porter un masque ou de mentir, vous êtes à l’aise et appréciez ce moment ensemble en vous concentrant sur ce que vous vivez, et non sur vos ennuis personnels.

Quel cas vous semble la meilleure base à une amitié naissante ? Le second, assurément.

 

Dans les premiers temps d’une amitié, et même sans en avoir vraiment conscience, vous allez vous attacher à vous montrer sous « votre meilleur jour ». Vous allez éviter d’imposer à l’autre vos douleurs, vos problèmes, vos agacements. Vous allez construire ensemble un système solide de renforcements, de moments agréables, de souvenirs communs positifs. Bien sûr, avec le temps, vous partagerez également de moins bons moments, vous vous confierez sur vos difficultés ou sur vos défauts et vous apprendrez à communiquer ensemble dans toutes les situations. Peu à peu, vous deviendrez ami.e.s, vous pourrez vous confier l’un.e à l’autre et si, un jour, emporté.e par vos émotions et la franchise de votre relation, vous lui raccrochez au nez violemment, la qualité de tout ce que vous aurez vécu jusque-là rattrapera cette « erreur » ponctuelle.

Par contre, si vous ne filtrez rien dès les débuts de la relation, si vous déversez vos ennuis et accumulez les interactions pesantes alors que votre socle relationnel n’est pas assez solide, les bases sur lesquelles construire votre amitié seront bien moins saines…

Nous avons vu lors du Module précédent qu’une relation saine dépendait d’un cumul d’interactions positives et d’un rattrapage des interactions négatives, qui devaient être les plus rares possibles. Retenons ici que l’amitié nécessite un départ agréable ainsi que l’enchainement de souvenirs communs et d’échanges confiants et volontaires.

3. Comment devenir l’ami de votre cheval ?

Vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression.

Dans le cadre de la relation que vous avez avec votre cheval, pourquoi ne pas imaginer avant chaque interaction que vous êtes sur le point de faire sa connaissance ? Que vous devez vous montrer sous votre meilleur jour, sourire et apprécier le moment présent, le faire sentir important à vos yeux ? Par exemple, lorsque l’on est invité, il est d’usage dans de nombreux pays de ne pas venir les mains vides… Nous verrons dans un prochain Module comment organiser une séance en remerciant suffisamment notre cheval, mais gardez déjà en tête que votre attitude toute entière peut être le cadeau que vous apportez avec vous lors de votre prochaine visite !

Plus votre histoire commune aura comporté de bons moments, plus vous aurez cumulé les renforcements positifs, plus « éteindre » votre amitié sera difficile. Alors ne soyez pas avare de présents, de gentillesse et d’attitudes positives : c’est le premier pas d’une amitié réussie !

Nous l’avons vu lors du Module 1, l’amitié interspécifique existe. Elle peut être le fruit du hasard, de la bonne rencontre au bon moment, d’un besoin à combler, d’une recherche éperdue… là n’est pas l’important. Elle existe et, si elle ne devient pas toxique pour l’un ou l’autre des protagonistes, elle fait du bien. Alors comment s’assurer que notre amitié est sur la bonne voie ? Qu’en tant qu’humain, nous nous comportons bien en ami, et non en parasite ? En effet, pour initier une amitié, un certain nombre d’ingrédients est requis. Mais pour devenir de bons amis, pour que la relation soit bénéfique et agréable autant à l’humain qu’à son cheval, il convient de saupoudrer le résultat avec un peu de joie, de bienveillance et de sincérité. Tout cela peut sembler bien dérisoire, voire futile, mais l’objectif n’est pas de créer une dépendance émotionnelle ou de déverser tous nos soucis dans l’oreille d’un partenaire bien incapable de s’en protéger. Voyons les points à mémoriser pour préserver cette amitié et l’aider à s’épanouir…

 

Checklist pour devenir le meilleur ami de votre cheval

  • Je suis heureux d’être avec mon cheval et je le montre : sourires, caresses (s’il apprécie !), attitude relâchée et sereine… J’apprécie d’être à ses côtés et je le lui dis, verbalement ou non !
  • Je suis fiable et honnête, dans mon attitude et dans ma gestuelle. Afin de préserver sa confiance, j’évite de lui proposer des situations que je ne maîtrise pas.
  • Je reste à l’écoute des messages que mon cheval me transmet et je ne l’interromps pas. Ses comportements et ses postures ont toujours un but que je dois prendre en compte.
  • Je promets de bons moments et je tiens mes promesses. Si j’ai pour habitude de toujours le laisser se rouler après une séance ou brouter lors de nos séances en extérieur, je ne change pas d’avis du jour au lendemain sans préparation !
  • Je ne refoule pas mes émotions. J’ai le droit d’avoir peur, d’être triste ou en colère. Je n’essaie pas de cacher mon état, mais je fais de mon mieux pour préserver mon cheval.
  • Je fais preuve de bienveillance envers mon cheval et envers moi-même. Je prends conscience de nos besoins sans jugement.
  • J’accepte mon cheval tel qu’il est, avec ses points forts et ses points faibles. Je l’aide à évoluer et à progresser sans essayer de changer ce qu’il est.
  • J’apprends et je respecte sa sensibilité et ses préférences. Je peux l’aider à s’améliorer et à augmenter ses compétences, mais j’accepte qu’il n’apprécie pas forcément les mêmes activités que moi et j’en prends compte.
  • Je ne rends pas visite à mon cheval uniquement dans mon propre intérêt. Mes objectifs de cavalier.e ne sont pas plus importants que notre relation.
  • Je ne pas prends les choses pour acquis. Une l’amitié prend du temps à se mettre en place, mais peut également se détériorer très vite.

 

Vous voilà donc précisément au fait de ce qui fait une amitié valable, solide et enrichissante. Avant de rentrer plus en détail sur la manière dont nous pouvons mettre tout cela en œuvre, attachons-nous lors des prochains chapitres à faire de vous un humain conscient, rassurant et aimant…

 

EXERCICE – MODULE 2 – CHAPITRE 1

1. Souvenez-vous des premières interactions avec votre cheval : quel était le contexte ? vos attitudes respectives ? étiez-vous plutôt méfiant ? confiant ? combien de temps a été nécessaire à la mise en place de votre relation ?

2. Imprimez ou enregistrez la « Checklist du Meilleur Ami » et, lors de votre prochaine visite auprès de votre cheval, passez la en revue : validez-vous les dix points ?