Introduction
Conclusion

Chapitre 1 – Que fait un cheval de sa journée ?

1. Comment et pourquoi observer son cheval ?

L’éthologie est l’étude du comportement. L’éthologie équine consiste donc à observer, interroger, comparer, quantifier et analyser le comportement des chevaux. Mais avant de nous plonger plus profondément dans ce que cette science nous apporte dans nos pratiques et notre relation, posons-nous une question : Qu’est-ce qu’un comportement ?

Un cheval qui galope fait quelque chose. Un poulain qui joue également. Mais que penser d’un troupeau qui se repose ? D’une oreille qui s’oriente vers l’arrière ? D’une expiration ? Est-ce que « aller vers un point d’eau » est un comportement observable ? Et « regarder un congénère » ? La réponse est simple et limpide : Oui. En 1980, Raymond Campan proposait la définition suivante :

« Le comportement peut se définir comme étant l’expression dynamique des relations dialectiques permanentes entre un individu et son milieu. »

Raymond Campan

L’individu, dans notre cas le cheval, s’adapte et réagit en permanence à l’environnement dans lequel il évolue. Le comportement, c’est-à-dire ce que l’on peut observer / étudier, est le résultat de ce dialogue entre l’animal et tous les stimuli qu’il reçoit.

Le milieu et ses modifications influencent le comportement constamment. Il peut être de deux types :

  • Milieu biotique : concerne tout ce qui est vivant – la présence de prédateurs, le comportement des congénères, les réactions d’une proie… mais également la pousse de l’herbe ou le passage d’un être humain ! Tous ces éléments ont un impact sur le comportement de l’animal que l’on observe.
  • Milieu abiotique : rassemble tout ce qui n’est pas vivant mais qui, pourtant, influence les réactions comportementales de l’individu. La qualité du sol, le taux d’ensoleillement, les marées ou la pluie sont autant d’éléments qui vont amener l’animal à réagir différemment en fonction de la situation.

Quand il exprime un comportement, l’animal cherche, consciemment ou non, à rétablir son homéostasie, c’est-à-dire l’équilibre de son organisme. S’il a faim, il va se déplacer, chasser, brouter… mettre en place tout une série de comportements pour combler son besoin de nourriture. S’il ressent des démangeaisons, il va se gratter pour que cette sensation cesse. Et s’il exprime des stéréotypies, comme le tic à l’appui ou l’automutilation, c’est également pour retrouver son équilibre… nous en reparlerons dans un prochain chapitre.

En outre, l’individu est fortement influencé par son bagage génétique, son histoire personnelle et son tempérament. (Le tempérament du cheval et son évaluation seront étudiés au Niveau 2 de la formation).

Lorsque l’on observe un animal, il est important de replacer le comportement dans un contexte et de prendre en compte ce qui l’influence… et ce qu’il influence ! La personnalité et l’histoire personnelle de l’individu, son lieu de vie, son régime alimentaire, ses blessures potentielles ou encore la présence de congénères… vont amener le cheval à réagir de telle ou telle manière. Mais ce n’est pas tout : le tempérament, l’expérience et l’état émotionnel de l’observateur ont également un rôle non négligeable.

Imaginons un instant que vous ayez décidé d’observer le comportement alimentaire de votre cheval au box : entre une observation menée un jour de grand soleil, juste après avoir reçu une bonne nouvelle et alors que votre cheval a passé 3h au parc, et une observation de durée identique, un jour d’orage, le lendemain d’un accident de voiture et votre cheval attendant sa ration en tournant dans son box, il y a de grandes chances que vos conclusions soient inutilisables…

Mais alors comment étudier le comportement concrètement ? Comment faire pour savoir quoi regarder, quoi noter et quoi analyser ? Comment éviter de tout regarder et de s’épuiser en notant chaque tressaillement de son cheval ?

  1. Il convient d’abord de se demander pourquoi on observe. Quelle question avons-nous en tête lorsque nous nous concentrons sur notre cheval pendant un laps de temps donné ? Vous pouvez par exemple vous demander s’il s’entend bien avec son partenaire de pré. Ou vous interroger sur l’impact d’un déménagement sur son comportement. Définir à l’avance ce que vous cherchez permettra d’éviter de vous disperser et de cibler les comportements qui vous intéressent.
  2. Décidez qui vous observez ! Votre cheval ? Son groupe ? Une dyade mère-jeune ?
  3. Ensuite, demandez-vous quels sont les comportements de votre cheval qui peuvent vous aider à répondre à votre question. Établissez une liste précise des comportements qui vous intéressent et mettez en place un répertoire comportemental. Celui-ci regroupe les comportements qui vous intéresse et les définit précisément en prenant en compte la manière dont ils s’expriment (posture, mouvement, …). Parce que le comportement est un flux continu, il est important de le découper en unités discrètes et non-recouvrantes. Selon la question que vous vous posez, ces unités de comportements seront regroupées dans des catégories comportementales plus ou moins précises (exemples un peu plus bas).
Répertoire comportemental : Liste non exhaustive des unités de comportements exprimés par l’animal. Par exemple : répertoire comportemental du jeu, répertoire comportemental du jeune de telle espèce, répertoire comportemental de la protection de ressources…
Éthogramme : Ensemble des unités de comportements pouvant être exprimées par l’espèce. En dehors de la tique, pour laquelle l’éthogramme est connu et défini, la plupart des espèces n’ont pas d’éthogramme à proprement parler. En effet, il semble difficile aujourd’hui de dire que l’on connait et comprend tous les comportements d’une espèce de manière exhaustive…

 

  • Définissez la manière dont vous allez noter ce que vous observez. Il existe deux méthodes principales : l’observation en continu (focus) et l’observation par scan (photos).
    • Lors des observations en continu, vous notez tout ce que vous observez à la suite. Idéalement mené par vidéo, ce type d’observation vous permet de stopper l’image pour noter précisément la durée de chaque comportement et l’enchaînement des actions entre elles. Le défaut principal de l’observation en continu est la masse des données récoltées et la difficulté ensuite de trier et d’organiser les résultats. L’avantage est qu’elle permet de ne pas manquer de comportements brefs ou rares.
    • Lors des observations par scan, vous décidez d’un laps de temps (par exemple, 1 minute) et à chaque « top », vous notez le comportement observé. Cela demande un peu de rigueur, puisqu’on ne note que ce qui se passe au moment du « top », comme si l’on prenait une photo. Si le cheval que vous observez a baillé 1 seconde avant le « top », vous ne le notez pas. S’il se met à galoper 1 seconde après le « top », vous l’ignorez. A la fin de l’observation, vous savez donc précisément quel pourcentage de temps le cheval a passé à exprimer tel comportement.

 

Pourquoi une telle rigueur ?

Standardiser les observations, se baser sur des protocoles similaires et utiliser un vocabulaire commun permet de comparer les résultats, de refaire les études… et de parler de la même chose !

En tant que cavalier, vous pouvez par exemple vous interroger sur l’impact de la tension des rênes sur le bien-être de votre cheval. Si une personne décide que « tension des rênes = rênes tendues », qu’une autre met en place un système de mesure de cette pression et définit « tension des rênes = lorsque la pression est supérieure à 3kg par cm2 de la bouche du cheval », et qu’enfin une troisième estime qu’il y a tension des rênes uniquement quand le cheval ouvre la bouche, leurs résultats individuels ne seront absolument pas comparables ! Aucune de leurs définitions n’est fausse, mais elles ne correspondent pas à la même chose. Bien sûr, il conviendra aussi que ces trois personnes se mettent d’accord sur leur définition du bien-être du cheval et les critères à observer…

N.B. : lorsque vous parcourez une étude scientifique comme celles que vous pouvez trouver dans les pages « Sources » de cette formation, prenez le temps de lire la méthodologie employée. Il est possible de votre définition de certains termes ne soit pas la même que celle des chercheurs et votre compréhension des résultats de l’étude en sera altérée…

 

Quelles sont les limites et difficultés des observations éthologiques ?

Quand on observe des animaux, on est très rapidement confronté à des biais d’observation. Un protocole mal conçu, une météo capricieuse, un évènement anxiogène inattendu, peuvent influencer négativement vos résultats. En fonction de la question à l’origine de votre réflexion, vous pouvez minimiser les biais en cumulant les observations. Si par exemple vous vous demandez si votre cheval préfère vivre en box ou au pré, une seule observation ne vous donnera pas suffisamment de réponses. En revanche, si vous ressortez votre protocole tous les matins et tous les après-midis pendant 15 jours, à la même heure, quelle que soit la météo, les chevaux qui traversent l’écurie ou votre humeur personnelle, vous commencerez à avoir une vue d’ensemble qui vous permettra de tirer des conclusions.

Un problème récurrent est la méconnaissance de l’animal que l’on observe. En effet, si l’on ne connait pas les besoins du cheval, son fonctionnement naturel, les comportements qu’il est censé exprimer et ceux qui, au contraire, révèlent un dysfonctionnement, les résultats de nos observations seront extrêmement difficiles à lire. Ce Module va donc vous donner des informations précieuses sur ce qu’est un cheval, et vous apprendre à cibler les « comportements clefs » d’un équidé en bonne santé.

Quel que soit votre niveau technique et vos objectifs équestres personnels, il est primordial d’éviter l’interprétation. Un cheval A grattouille un cheval B au niveau du garrot ? Notez : « allogrooming initié par A » et non « A veut devenir ami avec B », « A a des démangeaisons et montre à B où il aimerait être gratté » ou encore « A est dominé par B ». Pour pouvoir ensuite tirer des conclusions et obtenir des réponses, il faut d’abord récolter suffisamment de données « propres », exemptes de nos projections personnelles. Ce qui est bien plus facile à dire qu’à faire…

L’être humain met du sens partout. Pire : il met du sens humain dans tout ce qu’il observe. Or, le cheval ignore tout du contexte dans lequel l’observateur, qui n’est jamais totalement neutre, le place. Il convient donc, autant que possible, de rester prudent et de garder de la distance quand on observe des comportements, pour s’assurer de la valeur de nos observations.

Mais paradoxalement, une fois vos données récoltées, assurez-vous de rester humain ! Vos interprétations, votre connaissance intime du cheval que vous côtoyez depuis des années, cette forme d’anthropomorphisme dans laquelle vous tombez parfois, ne sont pas forcément négatifs. Ne l’oublions pas : l’objectif des observations menées lors de ce Module est d’améliorer votre relation, de perfectionner vos connaissances pour bâtir une amitié fiable et durable, pas d’être publié dans Science L’idée sera donc d’équilibrer rigueur scientifique et subjectivité pour pouvoir utiliser directement vos résultats et apporter des améliorations concrètes dans la réalité de vos pratiques.

2. Le budget-temps du cheval

Maintenant que nous savons un peu mieux comment observer, passons en revue le quotidien d’un cheval. Pour avoir une vue d’ensemble et des données de référence, nous allons utiliser un « Budget-Temps », c’est-à-dire une répartition des activités de l’animal sur 24 heures. Ces chiffres se basent sur l’observation d’équidés féraux (souvent appelés « sauvages ») et ne prennent donc pas en compte la vie au box, les heures de pansage ou les séances de travail. Nous verrons ensuite comment adapter ce budget-temps à la vie domestique.

IMPORTANT : En général, cette répartition est assez régulière mais il faut garder à l’esprit qu’elle peut varier en fonction de l’environnement, de la météo, de la saison, de l’état de santé de l’animal, etc. Un poulain passera plus de temps à jouer qu’un adulte, et un étalon consacrera plus d’heures quotidiennes à surveiller son environnement en pleine période de reproduction qu’au milieu de l’hiver.

 

L’alimentation

Le cheval consacre 15 à 16 heures par jour à s’alimenter, soit environ 60% de son temps. Dans les régions les plus arides, cela peut atteindre les 18 heures quotidiennes. En effet, visualisez les chevaux féraux qui peuplent la planète : Australie, Namibie, Mongolie… des environnements plutôt éloignés de nos prairies normandes, n’est-ce pas ? Comme les ânes, les poneys shetlands ou encore les hémiones, la plupart des équidés vivent dans des zones principalement arides, semi-désertiques ou balayées par les vents ! Dans ces milieux où les ressources alimentaires sont limitées, son régime est naturellement beaucoup plus diversifié qu’on ne l’imagine de prime abord : graminées, écorces mais aussi plantes aquatiques, graines, glands… Certains groupes de chevaux féraux mangeraient une cinquantaine de types de végétaux différents par jour !

La grande majorité du temps, le cheval se nourrit de ressources riches en fibres, au niveau du sol et en se déplaçant en quasi-permanence. Dès ses premières semaines de vie, le poulain est acteur de son alimentation, teste et apprend au contact de ses congénères.

Pour s’hydrater, les chevaux féraux s’alternent généralement autour de points d’eau qui peuvent être utilisés par plusieurs groupes familiaux. Les besoins en eau d’un cheval varient de 20 à 60 litres par jour, bien qu’il arrive qu’ils ne puissent pas boire quotidiennement.

 

Le repos

Un cheval se repose 5 à 7 heures par jour. S’il peut somnoler debout, les yeux mi-clos ou fermés et souvent un postérieur surélevé et posé « en pince » (on parle de membre « au repos »), il dort couché. Deux positions sont alors possibles :

  • Repos sternal, « en vache » : la tête peut pencher vers l’avant jusqu’à toucher le sol.
  • Repos allongé sur le côté, en décubitus latéral : seule position leur permettant d’entrer en sommeil paradoxal, elle n’est néanmoins maintenue que rarement plus de 20 minutes d’affilée.

Le temps consacré au repos diffère beaucoup selon l’âge du cheval (un poulain dormant plus longtemps qu’un adulte) et sa répartition dans la journée dépend fortement de la saison (lors d’un été très chaud où les insectes pullulent, les chevaux se reposeront beaucoup plus en journée et profiteront du calme de la nuit pour se déplacer et se nourrir). Il est important de se souvenir que le cheval dort aussi bien la nuit que le jour, en fonction de son lieu de vie, du rythme de son groupe et des contraintes environnementales.

 

Surveillance / veille

1 à 2 heures par jour : l’observation de l’environnement occupe une place de choix dans le budget-temps du cheval. Il s’agit bien sûr de se protéger d’éventuels prédateurs, mais également de surveiller l’approche d’autres groupes familiaux, le comportement des poulains ou encore les tentatives d’éloignement de certaines juments.

Les postures signalant que le cheval est en train d’observer son environnement sont assez caractéristiques : encolure haute, oreilles pointées dans la direction surveillée, tension musculaire palpable. Il faut cependant distinguer « surveillance » et « vigilance » : dans le second cas, l’animal a généralement repéré un élément anxiogène et est prêt à fuir. Sa queue est relevée, sa respiration s’accélère, ses naseaux et ses yeux sont grands ouverts : le cheval est prêt à s’éloigner au plus vite de ce qui l’inquiète !

 

Locomotion

Un cheval consacre 1 à 2 heures chaque jour à se déplacer pour parcourir son domaine vital, se rapprocher de ses congénères, se rendre à un point d’eau ou dans une zone d’ombre. Cependant, attention : ses déplacements sont dans leur quasi-totalité effectués au pas lent ! Les allures rapides comme le galop sont anecdotiques : étalon qui rassemble ses juments, mère cherchant à se rapprocher de son jeune, fuite devant un danger… Elles se comptent en minutes quotidiennes !

De plus, la majorité des déplacements sont synchronisés : tous les membres du groupe vont ensemble vers un lieu d’alimentation ou s’éloignent ensemble d’un espace inconfortable.

Si l’on cumule les heures passées à manger en se déplaçant et le temps consacré à la locomotion pure, le cheval consacre plus de 70% de sa journée à bouger !

 

Autres

Les quatre occupations principales du cheval sont donc manger, se reposer, observer et se déplacer. Quid de tous les autres comportements ? Malgré l’importance qu’on leur donne et leur absolue nécessité pour l’épanouissement physique et mental du cheval, ils ne représentent qu’une faible proportion des comportements exprimés au cours d’une journée (moins d’1 heure quotidienne).

  • Les interactions sociales rassemblent tous les comportements ayant lieu entre deux individus minimum : jeu, combats, comportements reproducteurs, interactions mère-poulains…
  • Les comportements autocentrés, également appelés comportements de maintenance, regroupent les comportements d’élimination (crottin, urine), les roulades ou encore les bâillements. Il s’agit de tout ce que le cheval exprime seul pour son bien-être personnel.

 

A RETENIR
Quand un comportement a pour objectif la mise à distance d’un congénère, on parle de comportement agonistique. Les menaces d’encolure, les morsures, les coups de pied mais également des oreilles qui se plaquent en arrière associées à des naseaux retroussés font donc partie des comportements agonistiques, et non pas des comportements « agressifs » ou « négatifs ».

 

3. Aménager le quotidien du cheval domestique

Étant donné la réalité du quotidien d’un équidé non-captif, on peut s’interroger sur les contraintes que fait peser la vie domestique sur le budget-temps de nos chevaux. Voici quelques pistes pour améliorer concrètement la répartition des activités dans le quotidien de votre partenaire équin.

Alimentation : la problématique principale est d’augmenter le temps d’alimentation pour se rapprocher des 15 à 16 heures quotidiennes. Le premier réflexe est de mettre votre cheval dehors afin de lui permettre de se nourrir au sol d’un maximum de fibres (herbe ou foin). En parallèle, vous pouvez proposer des systèmes de filets à foin ou de « slow feeding » pour ralentir l’ingestion, ou encore mettre en place des « jeux de fouille » en cachant des morceaux de fruits et légumes dans un tas de foin. Bien que souvent néophobique (peur de la nouveauté), le cheval peut apprendre à manger et à apprécier de nombreuses ressources alimentaires (pommes, carottes mais également bananes, mangues, fenouils…). Évitez cependant les sucreries industrielles qui risquent de rajouter plus de problèmes qu’elles n’en règlent… Pensez également à disposer de l’eau claire et accessible à volonté, si possible au niveau du sol (si cela est possible sans mettre votre cheval en danger).

Repos : pour atteindre les 5 à 7h de repos par jour, il est nécessaire que votre cheval ait un endroit où s’allonger, où il se sente en sécurité et protégé des éléments extérieurs. Il est tout à fait possible de lui permettre de se reposer suffisamment tout en lui offrant une vie en extérieur : nous y reviendrons au prochain chapitre.

Surveillance / vigilance : bien que notre objectif ne soit pas d’avoir un partenaire constamment sur le qui-vive, surveillant attentivement le moindre recoin de son lieu de vie, il faut garder à l’esprit que la surveillance de son environnement est nécessaire à son bien-être. Au box, au pré ou lors d’une séance de travail, il faut donc vous assurer qu’il peut observer ce qui l’entoure sans crainte… et n’est pas puni pour ce comportement.

Locomotion : cela a été vu et revu depuis le début de cette formation, le cheval doit pouvoir se déplacer au maximum. Là encore, lui permettre de sortir en extérieur est la première solution à proposer : votre cheval doit pouvoir se mouvoir à l’allure qu’il choisit, sur le sol qu’il privilégie, en gérant seul son équilibre et sa posture.

Comportements sociaux : empêcher un animal grégaire d’avoir des contacts sociaux est un non-sens absolu. Sous prétexte d’éviter des blessures et de simplifier l’organisation des écuries, nous risquons l’apparition de troubles comportementaux sévères et mettons en danger l’intégrité physique et mentale de l’animal. Nous étudierons en détail la vie sociale du cheval au chapitre 3 du présent Module, mais retenez d’ores et déjà qu’il a besoin d’un milieu complexe et de la présence de ses parents et de congénères préférentiels pour s’épanouir correctement.

Comportements de maintenance : imaginez un instant avoir besoin de vous gratter le dos tout en ayant les mains liées et l’interdiction de vous approcher du moindre support. C’est à peu près ce que vivent beaucoup de chevaux hébergés dans des boxes trop petits… Permettre les comportements autocentrés n’est pas très compliqué à mettre en place mais peut demander des ajustements : proposer des brosses fixées au mur ou sur un « totem » installé au milieu du pré, permettre au cheval d’accéder à différents types de sol pour qu’il puisse uriner sans s’éclabousser (combien de chevaux attendent le retour au box et semblent choisir le substrat le plus « moelleux » pour enfin se laisser aller ?) ou se rouler sans se blesser (au choix, vous préfèreriez vous roulez sur un sol rocailleux ou dans un rond de longe sablé ?), s’assurer que la vie de l’écurie ralentit plusieurs heures par jour pour autoriser les chevaux à se détendre et se recentrer dans le calme… Tous ces « détails » qui n’en sont pas peuvent profondément améliorer le quotidien de votre partenaire équin… et donc votre relation !

 

Pourquoi mettre en place des enrichissements ?

D’abord évoqué pour améliorer le quotidien des animaux hébergés en parcs zoologiques et en laboratoires, l’enrichissement de l’environnement consiste à la mise en place d’objets, de structures ou de parcours pour enrichir les comportements alimentaires, sociaux et locomoteurs des individus.

Les avantages de l’enrichissement sont indéniables :

  • Amélioration du quotidien de l’animal
  • Expression des comportements propres à l’espèce
  • Respect du budget-temps « idéal »
  • Diminution du stress
  • Amélioration des capacités cognitives (apprentissage, mémorisation)
  • Meilleure relation Homme-Animal

Si l’on prend l’exemple de l’alimentation du cheval, être nourri par l’homme implique une certaine passivité, bien éloignée de son comportement naturel. La distribution de concentrés en deux à trois repas par jour réduit également le temps de recherche alimentaire tout en favorisant l’apparition de problèmes de santé (obésité, fourbures, ulcères…) et de comportements liés à la douleur (le cheval exprime de la gêne et de la douleur à partir de 2 heures d’affilée passées sans manger). Proposer une distribution de fourrage plus adaptée à ses besoins et diversifier les ressources alimentaires permettrait de réduire l’agressivité, les maladies et les risques d’accident !

Environnement enrichi chez les chevaux – Léa Lansade

EXERCICE – MODULE 3 – CHAPITRE 1

Il est temps d’évaluer le budget-temps de votre cheval ! A l’aide du protocole fourni, apprenez à observer et analyser la répartition de ses activités quotidiennes. Bien sûr, vous n’allez pas l’observer de manière continue pendant 24h !

La méthode proposée consiste à noter le comportement exprimé par votre cheval toutes les minutes, pendant 30 minutes. A chaque « top », indiquez si votre cheval est en train de manger, se reposer, surveiller, se déplacer ou « autres ».

A la fin de votre observation, calculez combien de fois il a exprimé chaque catégorie de comportement par rapport au total et interprétez votre résultat par rapport au lieu de vie de votre cheval, aux structures proposées, aux interactions sociales possibles, etc.

Par exemple, si vous avez noté 19 comportements alimentaires sur un total de 31 « tops » (soit 19/31 = 0.61×100 = 61%), cela correspond à 61% du temps passé à s’alimenter… et s’avère donc équivalent au budget-temps d’un cheval non-captif.

  • Matériel nécessaire : protocole, stylo, chronomètre.

Si possible, reproduisez cette observation à plusieurs reprises, surtout si votre cheval change d’environnement au cours de la journée (nuit au box et journée au pré par exemple).

Vous pouvez étudiez le budget-temps de votre partenaire après un déménagement, suite au départ ou à l’arrivée d’un congénère au sein du troupeau… Cela vous permet d’étudier relativement facilement l’impact d’un changement sur le comportement de votre cheval.